Les non-dits de la Poche

Falaise-Chambois

 Un devoir de mémoire

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20 août

 

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Dimanche - Lever du Soleil : 6 h 00 - Coucher 20 h 07 - Mauvais temps … peu d’aviation

Les Allemands attaquent pour mieux fuir

A l'arrière de la poche, là où les Britanniques talonnent la Wehrmacht, à 4 h 00 du matin, les 15 chars restants de la 2° Panzer rassemblés autour de Bailleul s'ébranlent les derniers.

Le maréchal Model lance sa contre-attaque décidée deux jours plus tôt. Depuis cette décision, Trun et Chambois ont été renforcés par les Alliés. Impossible d'espérer dégager ces villages. L'assaut se reporte donc plus à l'est, sur Mont-Ormel, sur des unités polonaises isolées qui résistèrent farouchement pendant deux jours.

La contre-attaque du IIe corps blindé SS permet à plusieurs milliers d'hommes de passer la Dives à gué, et de s'extraire de la poche. Mais c'est la dernière tentative allemande de dégagement de ses troupes encerclées. Désormais, la porte est close.

Les conclusions présentées dans le livre de Guderian "Das letzte Kriegsjahr im Western - Die geshichte 116. Panzer-Division - Windhund-Division - 1944-1945" sont sans appel :

A Chambois, les renforts furent limités.

Les tentatives de ravitaillement furent vouées à l'échec. Le mauvais temps facilita les contre-attaques allemandes.

Une carte extraite du rapport n° 169 de la HISTORICAL SECTION - CANADIAN MILITARY HEADQUARTERS du 5 Nov 48 donne une vision précise de la situation à 6 heures du matin.

Elle illustre la position des différentes unités alliées et confirme :

- A : la présence au delà de la D 16 vers la cote 262 sud, à Montormel des troupes polonaises qui furent peu après 6 heures, attaquées par les chars de Von Gersdorff qui détruisirent 12 chars ... ceux qu'avaient rencontré la veille, la 2° DB (*La rencontre - lien direct).

- B : l'avancée de la 4° DB Canadienne vers Vimoutiers.

Sur cet extrait nous avons ajouté les axes de fuite des Allemands de part et d'autre de La Frénée sachant que les unités polonaises n'occupaient pas la place.

Sur notre tableur : 254 lignes d'informations sont analysées aux niveaux des Etat-major, des unités sur le terrain, voire des populations civiles.

Des états-majors

La journée du 20 août est pratiquement indescriptible. A 7 h 00, à l'approche des troupes en retraite, l’artillerie qui s’était tue pendant la nuit, repartit de plus belle.

Coté Alliés : Il restait à établir une ligne ferme de Saint Lambert à Chambois, pour sceller le sort de l’ennemi. Tandis que l'écart restait encore ouvert, des hordes d'allemands déferlaient, indépendamment des pertes. Le soutien de l’aviation était souvent demandé pour endiguer la marée ; mais le climat ayant changé complètement pendant les dernières 24 heures, rendait le survol difficile.

La phase critique de la bataille est provoquée également par de furieuses attaques allemandes bien préparées, appuyées par les chars de divers types et par le feu d'artillerie et de mortiers multitubes ; les assauts ennemis donnent surtout du fil à retordre à la défense de la « massue ».

Constat amer du général Maczek :

Un constat qui en dit long : " Il ne me reste qu'à soutenir moralement, à distance par la radio, les commandants des diverses unités et à organiser l'aide à l'extérieur ... Mes cris d'alarme annonçant que la division polonaise subit actuellement toute la pression de l'armée allemande en retraite, sont accueillis avec une certaine incrédulité à l'état-major canadien. On s'y obstine à affirmer que Saint-Lambert-sur-Dives, occupé par la 4° division blindée canadienne, protège suffisamment la division polonaise du côté nord-ouest.

Les Canadiens ne se rendirent pas compte de la percée réalisée par l'ennemi ... Après la guerre Simonds déclara que le soir du 20 août il avait encore en réserve deux brigades blindées soit six régiments blindés comprenant au minimum 300 chars.

Respectant la ligne de démarcation de Bailleul à Chambois, les Américains vont libérer Argentan après d'apres combats notamment contre la 116° Panzer Division ... qui utilisera la forêt de Gouffern comme base arrière jusqu'au dernier moment. Leur objectif est le même que celui des Canadiens : rejoindre Saint-Lambert, fermer la brèche sur la D. 13 même ... ce qui explique l'isolement des Polonais à Coudehard.

Aucune autre initiative dans l'attente de la relève par la 2° Armée Britannique du général Dempsey.

La 2° D B Française se contentera de répondre aux sollicitations de l'état-major U S. En fin de journée, après deux contre-ordres successifs, le G T L apprend qu'il est remis à la disposition de la 2° D B.

La brèche alliée de 60 kilomètres, entre Gacé et Courteilles-sur-Avre, est réservée :

L'explication de ce « front mort » :

Coté Allemand

Dans le Kessel, les état-majors des unités encerclées sont sur le terrain, proche des leur troupes.

Saint Lambert : la vallée jusqu'à Moissy, reste durant toute la journée du 20 août entre les mains des Allemands qui profitent de la brèche pour replier leurs détachements par paquets.

En dehors, le II° SS Panzer Korps attaque de l'extérieur tout azimuth ... et receuille de nombreux évadés.

Au Nord : les Britanniques

Objectif : Lisieux - avance pas par pas.

Traversée de la Vie entre Saint-Loup-de-Fribois et Crèvecœur en Auge mais il faut attaquer la butte du Haut Parc.

A partir de Bonnebosc, progression vers la Touques.

Prise des buttes de Saint Crespin et Lecaude et avancée vers le carrefour de La Corne.

Saint Julien le Faucon est libéré

Les Allemands de la 2l° Panzer sur les collines rive droite, dans les bois de Livarot, répondent aus Anglais positionnés de l'autre coté de la rivière près de la Saminière tandis que les Queen's renforcés par le 8th Hussars s'apprêtent à faire une entrée triomphale à Livarot.

Sous une pluie diluvienne, avec l'aide des FFI comme guides, les Rats du Désert cherchent à forcer la Touques à Fervaques.

Autour de Livarot, à l'est, les bois sont aux mains de la 21° Panzer : les Allemands disposent de mortiers et de mitrailleuses, défendent le relief qui interdit la Touques et l'Orbiquet. Vers Vimoutiers, le 11th Hussars entre dans Sainte Foy de Montgomery.

Les allemands profitent du moindre promontoire, du moindre ruisseau pour freiner la marche vers Lisieux.

Au Centre : les Canadiens sont bloqués par les Allemands à Saint Lambert ... et dans la zone des Bois d'Auge et de la vallée du Besion.

Les rapports détaillés des opérations des différentes unités nous permet de constater ce qui fut aussi pour les Canadiens un jour de crise ... marqué par la nomination du Brigadier R.W. Moncel, nouveau commandant de la 4° B B, la destitution du Major-General G Kitching à la tête de la 4° Division Blindée, le 21, et, son remplacement par le Major-General W Forster, le 22.

Informations et commentaires sont présentés opération par opération.

Le mouvement de la 4° BB Canadienne vers le nord-est fut annihilé, et les tanks furent envoyés au sud - est des Hordouseaux dans un effort pour restaurer la situation.

Nettoyage le long de l'axe routier principal à l’est de Magny, où un élément ennemi, composé de quatre blindés, d'un canon autopropulsé, de trois half-tracks et d'une compagnie d'infanterie se ruent à travers les lignes canadiennes, s'installent sur les hauteurs surplombant la route de Chambois. Les Canadiens contre-attaquent et capturent le lieutenant-général Erwin Menny, Commandant la 84° Division d'Infanterie de la Wehrmacht, qui, avec quatre cents hommes, s'efforçait de chercher le salut en direction de Coudehard.

A l'arrière, jonction à Mandeville de la 7° Brigade d’Infanterie Canadienne avec des éléments du 12° Corps Britannique.

La 8° Brigade d’Infanterie Canadienne s’avancèrent légèrement sur la ligne de centre de la 4° DB Canadienne, et remplit le terrain. Notamment main mise définitve sur la cote 259 des Hauts de Caumont qui domine l'ensemble de la vallée de la Dives de Saint Pierre sur Dives à Chambois, position prise et reprise par les polonais puis les canadiens face aux éléments de la 85° Division d'Infanterie de la Wehrmacht, avant leur abandon de la ligne de défense. Ce mouvement permit la libération du Renouard : le 28° RB British Columbia arriva tôt le matin par l’Ortier, puis le Régiment de la Chaudière par Cauvigny, et enfin les Dragons du 12° Manitoba à Sainte Basile où ils établirent un campement (Témoignages Video)

Repli des allemands sur la lande de Creffy

Pendant toute la matinée, la lutte pour St Lambert fit rage avec une fureur implacable, mais, malgré de terribles pertes, les Allemands continuaient à s’échapper ... A midi, Currie regroupe ses troupes vers la partie nord du village ... Dans l'après midi, du haut de l'église, Von Luttwitz dirige l'évacuation des hommes. En fin de journée, arrivée du North Nova Scotia Highlanders à qui le major Currie alloue un secteur, déjà, dans l'après-midi une compagnie des Lincoln and Welland était venue, accueillie avec enthousiasme par nos gars plutôt épuisés.

Comme l’obscurité tombait les contre attaques contre les positions tenues par l'infanterie Canadienne devinrent plus violentes, mais la ligne renforcée entre Trun et les faubourgs à l’ouest de St Lambert resta ferme.

Plus loin au sud - est le secteur vers Chambois était secoué par l'impact du feu des canons alors que les troupes Polonaises de Chambois et les tanks du 29° RB Recce essayaient d’avancer à partir de St Lambert, sans réussir à établir le contact. La poche reste ouverte.

Les Polonais restent isolés dans un espace de plus en plus réduit sur "Maczuga" !

A 20 h 00 heures, un rapport était reçu disant que l'état-major de la VII° Armée allemande essaierait de créer une large brèche à l’aide d’une grande force de tanks Tigre. Le 29° RB Recce confirmait que près de 100 tanks ennemis bougeaient en direction des Polonais oppressés. Tout feu disponible d'artillerie était aussitôt versé sur cette cible mais malgré tout, l'ennemi, quoique contrôlé, réussit à créer une brèche

Cette nuit la situation tactique était très confuse. Il y avait de lourds combats partout. Il paraissait évident que l'ennemi utilisait ses dernières ressources dans ce secteur. Les perspectives d'arriver à une conclusion rapide étaient claires. Le V° US Corps et la 1° US Armée avait nettoyé le sud, atteint l'est de Chambois. Le 12° Corps Britannique avançant du sud - ouest était situé à Gueprei au sud - ouest de Trun. La 3° Division d’Infanterie Canadienne tenait la rive nord de la Dives à l'ouest de Trun. La 9° Brigade d’Infanterie Canadienne au sud - est de Trun connut des moments d’anxiété quand des petits groupes d'infanterie ennemis essayèrent de s’infiltrer. La 2° Division d’Infanterie Canadienne avait été reçu l’ordre d’avancer vers Vimoutiers au nord de l'Armée pour protéger le flanc gauche du Corps

Au Sud-Est : les Polonais

Cette carte extraite du livre du Général Maczek illustre une journée particulièrement difficile pour les Polonais scindés en deux blocs et isolés de leur PC et des appuis canadiens.

Les unités polonaises sont aux prises avec de grandes difficultés. L'absence de tout détachement canadien dans le secteur, laisse une totale liberté de mouvement au II° Corps blindé allemand. Durant toute la journée du 20 août. les blindés allemands attaquent la « massue » du côté est, tandis que d'autres détachements du II° Corps blindé, avançant du nord, disloquent les lignes de ravitaillement, entraînant de sérieuses pertes en hommes et en matériel.

Le détail des opérations de cette journée du 20 à Maczuga est traité dans le chapitre Martyrs à Boisjos : les différents messages qui y figurent, témoignent de l’intensité des combats.

Au crépuscule, en dépit d’une baisse sensible de cette intensité, la situation parmi les défenseurs polonais de Maczuga était désespérée.

Chambois : La situation des troupes polonaises et américaines n'est pas moins périlleuse ... très inconfortable compte tenu de la pression des unités décomposées de la VII° armée allemande qui cherchent à s'échapper de toutes parts. Le confinement des unités dans et autour de la ville laisse les accès libres vers la D 13 et la cote 262 Sud. L'artillerie canadienne pilonne la ville. Les Américains font face au matin à une charge de dix Panzers. Le 10° P S K, renforcé par deux groupes antichars tient la cote 113 au dessus de la ville. C'est là que se termine l'attaque allemande dirigée par le commandant du 84° Corps. Le général von Elfeldt en personne, qui est capturé avec son état-major et plus de mille soldats.

Tandis que nos avions parachutaient des munitions aux Polonais, les avions allemands larguaient des panzerfausts et des caissons de munitions marqués du signe de la Croix-Rouge. Et cela, sur une zone jouxtant le P.C. du 10° Dragon.

Au Sud :

les Américains : Américains et Canadiens ont un objectif commun : fermer la brèche sur la D. 13 à Saint Lambert. Pour l'heure, leurs lignes sont coupées au nord et au sud de Chambois par de nouvelles vagues venues de l'intérieur de la Poche.

Argentan - la 80° DI

A 8 heures, toutes les batteries du général Mac Bride (80° DI) concentrent leur feu sur le quartier Saint-Martin ... Bousculant les forces ennemies légères, les 317° et 318° Régiments prirent Argentan. Débouchant du Nord le long des routes encombrées de véhicules et de matériel ennemi détruits, les Boys de la Ligne Bleue vivait un jour de gloire en éliminant les reste de l'invincible 7° Armée Allemande.

Chambois - la 90° DI

Pendant la journée du 20 août, la 90° D I s'installa sur le "Balcon de la mort", massacrant les Allemands avançant vers ce bras meurtrier. L'ennemi très agressif était accueilli par les canons du 358° à Ste Eugénie et Bon Ménil, matraqué par le 359° à Chambois et malmené par le 3° Battalion du 358° RI au Nord Est de la ville. Chambois continua d'être, toute la journée le hot spot, et véritablement le cercueil des Boches.

Les livres d'Eddy Florentin et de Didier Lodieu donnent de multiples exemples de véritables coups de mains, tout azimuth, prouvant l'ardeur des combattants. Le très grand nombre de prisonniers devient un véritable handicap pour les unités combattantes ...

Relève Britannique :

La 11e Division Blindée anglaise venue de Condé-Flers arrive à hauteur d'Ecouché par l'ouest. La 2° D B Française lui livre le passage de l'Orne et elle progresse en rideau pour déborder Argentan que la 80e D.I.U.S. vient d'occuper.

Au Sud : les Français

Le GTL poursuit sa mission de flanc-garde dans la région d'Omméel, Avenelles, dans la région de Chambois et aux lisières nord de la forêt de Gouffern, de nombreuses contre-attaques allemandes ont lieu, déclenchées par des éléments d'effectifs très variables.

Sans changement pour les autres éléments de la Division. L'Artillerie Divisionnaire appuie l'attaque de la 80° DI sur Argentan.

Leclerc va trouver le général Gerow, qui l'envoie à l'Armée. Hodges lui confirme les promesses faites.

A 18 heures, l'A D de la 2° D B est remise à la disposition de sa division. Repos sur place. Dans la soirée un ordre préparatoire prépare le regroupement de la division dans la région de Sées.

Les Allemands s'évadent.

La jonction des Américains et des Polonais à Chambois plaçait les Allemands dans une position désespérée. Les chemins encore disponibles dans la foret de Gouffern sont engorgés. Il ne reste plus, pour s'échapper, que la plaine nue devant Tournai.

La poche n'est pas fermement scellée de Magny au gué de Moissy. Les Allemands s'y regroupent pour passer la rivière sous le tir continu de l’artillerie et les bombardements de l’aviation alliée. Cette très forte concentration d’hommes et de matériel présentait alors des cibles idéales. Mais, le mauvais temps gène les forces aériennes.

En fin de nuit, plusieurs attaques lancées par des unités mieux organisées réussirent leur évasion.

La connaissance et l'utilisation du terrain furent remarquables. Les couloirs d'évasion étaient parfaitement définis. Les comités d'accueil jouèrent pleinement leur rôle ... La Poche se vide méthodiquement ... Rencontres et regroupements

Conclusions

Tout l'après-midi, Américains aux issues ouest de Chambois, et Canadiens aux issues ouest de Saint-Lambert, restent séparés par ces deux kilomètres d'une route grouillante de fuyards. Cette brèche a permis par des combats rapprochés d'évacuer 50 % des forces encerclées qui réussiront à rejoindre le 2° SS Panzer Korps », qui, sur les collines, se bat avec les Polonais.

 

Les civils dans la tourmente

A Saint Lambert, à Tournai, c'est l'enfer... tout est engorgé par l'afflux des troupes en retraite.

 

Orne : La poche se rétrécit …

Le couloir d'évasion est étroit

avec un passage obligé de la Dives de Magny à Moissy

 

Orne : 433 communes sont sans allemands, 417 sont libérées

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